Séminaires à Nancy
Véritable colonne vertébrale de l'ACF, ce lieu d'études des textes fondamentaux de la psychanalyse est avant tout un moment où des cliniciens et tous ceux qui sont intéressés par le discours analytique peuvent se rencontrer et questionner leurs pratiques professionnelles, institutionnelles, mais aussi éthiques et culturelles. Dans chacune des villes où il se tient, l'équipe en charge lui donne un style et un ton propre.
Séminaire d'Etude à Nancy
2024-2025
Ce Séminaire marque un tournant. Il traite d'une question et d'une seule, à laquelle Lacan n'avait jusqu'alors répondu que de biais : qu'est-ce qu'un analyste ? Réponse : c'est un analysant (mot que Lacan substitue à celui d'analysé) qui a mené à son terme l'expérience analytique. Quel est ce terme idéal ? Pour le savoir, il convient d'articuler la logique du parcours d'une analyse. À son commencement, il y a un désir inédit, qui suppose un franchissement, c'est-à-dire un acte, à l'instar de César passant le Rubicon. Cet acte est celui de l'analysant, mais l'acte psychanalytique proprement dit, c'est le psychanalyste qui l'accomplit, en ouvrant à cet analysant le champ dit du « sujet supposé savoir » où se déchiffre l'inconscient. Au terme, le s.s.s. s'évanouit, tandis que l'analyste, son support, est évacué comme le déchet de l'opération, tel Œdipe finissant sa vie les yeux crevés. L'analysé devenu analyste prend son relais. Et pourquoi ? – alors qu'il sait maintenant ce qui l'attend.
Quelques leçons sont consacrées à la logique de la quantification, dont Lacan commence l'exploration, qui débouchera plus tard sur sa théorie de la sexuation.
La conclusion, inopinée, voit Lacan commenter à chaud les événements de Mai 68, contemporains de la fin du Séminaire.
Jacques-Alain Miller.
Le séminaire d'étude de l'ACF à Nancy va s'atteler à une question fondamentale : l'acteanalytique. Qu'en est-il de l'acte dans une analyse ? Pouvons-nous, au-delà de la règle de la libre association, parler d'analyse sans un acte venant de l'analyste à son horizon ?
Lacan va interroger tout au long de son séminaire durant l'année 67/68, ce qui l'en est del'acte, l'acte sexuel, déjà évoqué à la fin de l'année précédente dans son séminaire sur le fantasme, puis de l'acte et son écart avec l'interprétation dans la cure tout en introduisant du même temps le signifiant "analysant" plutôt "qu'analysé" pour faire entendre l'écart entre le savoir et l'acte. Nous allons nous appuyer sur une lecture approfondie du séminaire de J. Lacan « L'Acte psychanalytique » dont sa parution récente du texte établi par J-A Miller le rend accessible (édition Le seuil & amp; Le champ freudien).
Nous proposons cette étude conjointement à Metz, Nancy et Strasbourg. Cette disposition, renforcée par une proposition de cartels multiples entre ses villes sur l'acte psychanalytique devrait enrichir la réflexion et permettre l'émergence d'un savoir nouveau sur ces questions fondamentales. Plusieurs moments de rencontres avec les membres de l'ACF dans l'Est pourront ponctuer nos travaux.
Nous nous retrouvons à la MJC Lillebonne, 14 rue du Cheval Blanc à Nancy à 20h45 les : 14/11 et 12/12/2024 puis les 16/01, 27/02, 13/03, 24/04, 22/05 et 12/06/25.
Renseignements : acf.dr-est@causefreudienne.org
La première séance du séminaire d'étude à Nancy sur « L'Acte psychanalytique » pose des jalons dans le chemin à parcourir.
Dans sa forme, nous allons atteler durant les deux prochaines années à la lecture du séminaire XV de J.Lacan dans la version établie par JA.Miller. Autour de cette lecture et les discussions qui pourront en émerger, chacun sera encouragé à travailler en cartel, outil inventé par Lacan et soutenu dans l'École de la Cause Freudienne, soit par 4+1, afin d'approfondir son questionnement propre sur l'acte analytique et faire la part entre le savoir dogmatique (doxa) et le savoir émanant de ses recherches et questions sur la psychanalyse. Le séminaire ayant lieu à Metz, Nancy et Strasbourg les cartels pourront se constituer entre ses villes. Plusieurs temps seront organisés pour des "rencontres intercartels".
Dans son fond, nous avons tenté de resituer le séminaire de Lacan dans son époque troublée (les mois précédents mai 68) mais aussi dans son contexte politique de la psychanalyse (Lacan exclu de l'International Psychanalitic Association).
Pour ce qui est du séminaire dans sa série, celui-ci vient après un séminaire sur la Logique du fantasme. MK nous rappelle que Lacan parle déjà de l'acte analytique en février 67. L'acte serait un moment où le signifiant se signifierait lui-même mais instaurerait un sujet. L'acte psychanalytique n'est pas sans interprétation. PC y ajoute que dans le séminaire XIV, Lacan déplie pour rapprocher mais aussi distinguer Acte analytique et Acte sexuel. L'acte sexuel amène aucune signification sur la sexualité. La révélation de la castration (ce que l'on pourrait attendre d'une cure psychanalytique), c'est "qu'il n'y a pas de rapporte sexuel", c'est-à-dire qu'il y a une inadéquation fondamentale à la différence des sexes. Lacan en cela se démarque déjà de Freud qui laissait entendre une résolution de la cure dans un avènement d'une sexualité organisée autour de cette différence.
Nous nous retrouvons le jeudi 12 décembre à la MJC Lillebonne à 20H45. Nous aurons lu les trois premiers chapitres avec une critique des expériences pavlovienne, un détour par le Ménon de Platon et enfin la question de la position de l'analyste à l'horizon de la fin d'une cure à partir de Winnicott.
JpG. 26/11/2024
Séminaire d'Introduction à la Clinique Analytique
SICA
Du désir à la jouissance, le pas de Lacan.
En juin 2013, le magazine Le
Point publie un article sous le titre : « Lacan, professeur de
désir » En réponse aux questions du journaliste, Jacques Alain Miller dit
que s'il y a quelque chose à apprendre c'est que le désir n'est pas une
fonction biologique, il n'y a pas de « savoir infaillible » qui,
d'instinct, mettrait le sujet sur la voie de son désir. Il affirme :
« Le désir est avant tout l'effet de la structure du langage. Le désir
n'est concevable que chez les êtres parlants. »
Dans « Subversion du sujet et dialectique du désir » Lacan énonce : « Le désir s'ébauche dans la marge où la demande se déchire du besoin. » (Écrits p.814). C'est dans les effets d'une demande à l'Autre que le désir nait. Il faut donc un Autre, une adresse à l'Autre articulée dans le langage.
Dans un premier temps, les élaborations de Lacan ont été construites autour des affirmations suivantes
« Le désir inconscient est le désir de l'Autre. » (La direction de la cure, Écrits p.632)
« Nous voyons ici le nœud étroit du désir et de la loi. (Séminaire L'Éthique, p.208)
« Il s'agit en effet avec le phallus de quelque chose qui s'articule sur le plan du langage, et qui se situe comme tel sur le plan de l'Autre. C'est le signifiant du désir en tant que le désir s'articule comme désir de l'Autre. » (Séminaire Les formations de l'inconscient, p.379)
Le désir est articulé à la loi et au langage dans lequel le nom-du-père dit non à la jouissance pour que se constitue le désir.
Mais quelque chose s'oppose à ce programme, déjà identifié par Freud. La répétition, la pulsion de mort, l'affaiblissement du nom-du-père et ses conséquences sur la loi, font que l'articulation Langage/Autre/Loi/désir ne tient pas. L'assomption du sujet et de son désir n'est plus la conséquence de la prise du sujet dans le langage.
Au terme de sujet et d'assomption du désir dans l'assujettissement à la loi est substitué le terme de parlêtre associé à la lalangue, au corps et à la jouissance. Jouissance dont J.A. Miller nous dit, dans « L'Être et l'Un », séance du 2/03/2011 : « La jouissance comme telle, c'est la jouissance non oedipienne, la jouissance conçue comme soustraite de, comme en dehors de la machinerie de l'oedipe. » Ce qui est en jeu, c'est la déliaison d'avec l'Autre.
Dans les quatre séances de ce séminaire, nous tenterons de refaire le trajet de Lacan. Nous tirerons les conséquences de ce changement de perspective sur la direction de la cure et sur l'approche du malaise dans la civilisation
Jean-Marie ADAM adamjean-marie.@orange.fr